Il y a de ces retournements dont seule la politique est capable. Par quelle alchimie du verbe, Mme Tall pourrait-elle justifier son possible rapprochement avec Idrissa Seck, pour qui connait leur histoire commune au lendemain du 19 mars 2000 ? En vérité, toutes ces mises en scène profitent à Wade, car les Sénégalais, qui ne sont pas dupes, n’éliront pas en 2012 un candidat qui aura la « revanche personnelle » pour seul programme.
Depuis quelque temps, une certaine presse, comme par conditionnement psychologique de l’opinion, établit de possibles connexions entre l’ex-mairesse de Diourbel et I’ ancien « homme de confiance de Wade », en perspective de la présidentielle de 2012. Si ces informations venaient à se confirmer, il sera de notre devoir d’interroger l’Histoire pour savoir comment ces deux « dauphins autoproclamés » pourront-ils s’entendre. Des sources généralement bien informées rapportent que le conflit d’ambition entre Aminata Tall et Idrissa Seck est antérieur à l’Alternance. Il remonte du temps où le premier directeur de cabinet de Wade sous l’Alternance voulait « moderniser » le parti libéral en éloignant les hiérarques du Pds des instances dirigeantes.
Au lendemain du 19 mars 2 000 l’adversité entre les deux s’est exacerbée. Ainsi qu’en témoigne un titre du Nouvel Horizon, datant de 2002, qui présentait « Ndamal Kadior » comme un « Sérial Killer » ayant réussi à isoler de grandes personnalités comme Me Ousmane Ngom, Abdou Fall, Farba Senghor, Aminata Tall (justement), entre autres. On se rappelle que le retour de la « dame de fer » dans l’attelage gouvernemental coïncidait, en avril 2004, avec le départ du Premier ministre Idrissa Seck. Pas plus tard qu’en 2009, lors d’une sortie au vitriol contre le « Pape du Sopi », l’ex-secrétaire générale de la Présidence de la République avait déjà annoncé la couleur en demandant au maire de Thiès et à Macky Sall de la rejoindre dans le « maquis ». Tout le monde connait la suite de cette histoire sur laquelle nous ne reviendrons pas.
Par contre, ce qui importe de savoir, est que l’histoire du Parti démocratique sénégalais a été toujours jalonnée de ces défections-fidélités qui n’ont pas réussi à occulter l’essentiel. A savoir l’enjeu du « Sopi », dont Me Wade est porteur, en tant que base de satisfaction de la plateforme revendicative du Peuple sénégalais pendant plus de quarante ans. Le chef de l’Etat en 2012 ne sera pas jugé à l’aune de ces départs. Au contraire, ces défections permettront à l’opinion, comme en 2 000 et 2007, de distinguer ceux qui sont candidats pour changer le Sénégal de ceux qui le sont pour leur changement personnel. N’empêche, nous prions vivement pour que la raison regagne l’esprit des « égarés » qui ont, suprême paradoxe, enseigné, qu’ « en politique, il ne faut jamais s’éloigner de sa famille naturelle ».
Thierno Ndiaye
Jeudi 31 Mars 2011
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.